Santé psychologique – Le secret, c’est l’authenticité
Parfois, la maladie a le don de nous jouer des tours. Elle nous donne l’impression d’être une punition, un ennemi à abattre, un frein à nos projets, un obstacle à notre bonheur. Elle favorise un état de déception, de découragement et même de diminution. Ce n’est pas toujours facile de se valoriser en vivant avec des limitations particulièrement dans une société où nous avons fortement tendance à nous comparer, à privilégier le dépassement de soi et à vivre conformément aux autres.
Le secret, c’est d’être toujours positifs qu’on nous dit ! Mais, pouvons-nous d’abord être authentiques ? Qui sommes-nous ? Que vivons-nous ? Qu’avons-nous à nous raconter ? Pour être heureux malgré la FK, il faut commencer par mieux comprendre qui nous sommes et ce que nous vivons ce qui exige de reconnaître les points positifs et les points négatifs qui font partie de notre dialogue intérieur. C’est la voie de l’équilibre.
Il est facile de tout mettre sur le dos de la maladie, mais nous sommes humains aussi et nous l’oublions parfois…
Quand je repense à tous mes moments de bonheur ainsi qu’à tous ces autres moments d’attente à la maison ou à l’hôpital afin de pouvoir reprendre le courant de ma vie, je réalise que ce bonheur était futile et qu’il ne me permettait pas de vivre une vie remplie. En effet, je ressentais un grand vide à l’intérieur de moi qui ne pouvait se remplir qu’à la condition que j’obtienne ou que je réalise quelque chose. J’étais dans l’attente d’aller mieux, dans l’attente d’avoir quelque chose de valorisant à raconter. Mon bonheur n’était pas libre, il dépendait constamment d’une situation extérieure, souvent de ma santé et souvent du regard des autres.
Mais ce que j’ai réalisé de pire c’est que même en ayant une santé optimale, en réalisant de grandes choses, en jouissant de bons moments, je n’étais pas plus heureuse !
Toutes ces années à mettre tout sur le dos de la FK, alors qu’elle n’est rien de plus qu’un obstacle, comme tous les autres ! Certes, un obstacle qui occupe beaucoup de place dans le quotidien. Mais, dans nos
pensées, c’est nous qui choisissons à quel point nous voulons lui accorder cette importance !
Plus je pense à la maladie, plus elle me rend en
colère. Elle me déçoit. Elle me fait peur. Je veux donc la combattre ! Mais, plus je combats, plus je m’éloigne de l’amour… J’ai refusé de l’accepter pendant tant d’années, alors que ce n’était même pas une option. Que je l’accepte ou la refuse, elle est là et rien ne la fera disparaître. Toutefois, je peux accepter ou refuser d’être heureuse tout en reconnaissant sa présence. Je peux choisir de faire la guerre ou je peux choisir de l’aimer et de lui pardonner. Gagne-t-on vraiment le combat par la guerre ? Combien devons-nous perdre alors avant de crier victoire ?
Si déjà je me posais la question « À quoi me sert la maladie ? Qu’est-ce que la FK m’a apporté ? Que veut-elle m’enseigner dans la vie ? » C’est une bonne façon d’amorcer un changement.
La maladie n’est pas notre pire ennemie. Elle nous enseigne tant de choses et fait de nous les ambassadeurs du courage, de la persévérance. On dit souvent « Je ne l’ai pas choisi » mais, personne ne choisit sa vie et personne ne fait exception à la règle. Pourquoi tant de gens souffrent beaucoup d’une situation qui peut sembler si banale à son voisin ? Ce n’est pas la situation ni la maladie, c’est la vision que nous en avons qui fait toute la différence.
La FK fait de nous les êtres exceptionnels que nous sommes. Elle nous permet maintenant de grandir, de nous dépasser, de comprendre le sens de la vie, du temps, l’importance de passer des moments avec les gens qu’on aime. Dans mon cas, j’ai manqué d’attention et d’affection quand j’étais jeune à un point tel que la souffrance m’a envahie. Mais, grâce à la FK, j’ai reçu de l’attention, des soins, j’ai connu le sens du toucher. La FK a ironiquement et indéniablement sauvé ma vie.
On ne peut pas nier la souffrance qu’elle cause dans nos vies et dans celle des gens qu’on aime. On doit reconnaître ce qu’elle apporte à notre vie avec le plus d’ouverture, d’honnêteté et de courage possible. Mais, il faut surtout apprendre à mettre sur nos épaules le bagage qui nous appartient et ne pas oublier que chaque humain a son bagage à porter. Ensuite, il faut ouvrir le bagage et l’alléger.
Si j’ai mal vécu avec cette maladie, c’est parce que je me suis battue pour jeter le bagage au bout de mes bras. Mais personne ne va le récupérer, c’est le mien. En refusant de porter mon bagage, en tentant de le projeter sur autrui ou de le faire disparaître, j’ai nié, rejeté, détesté une partie de moi. Parce que ce bagage, la maladie, les émotions et les expériences qu’il contient font partie de moi ! J’ai laissé la maladie me diviser, me briser, en tentant sans relâche de la fracasser au sol. Maintenant, j’apprends à récupérer les pièces une à la fois, à recueillir et valoriser notre belle et grande histoire.
Il faut exprimer sa vérité, il faut se permettre d’être soi en toute authenticité même si cela engage des choses qui nous semblent obscures. La maladie, la colère, la tristesse, les erreurs… c’est humain ! Et nous sommes humains ! Nous n’avons aucune honte à porter. Nous avons tendance à tout mettre sur le dos de la maladie mais tous les humains souffrent de différents problèmes et que ce soit une maladie, une épreuve, un deuil, un échec, une séparation, les émotions restent les mêmes et elles sont entièrement humaines.
C’est à nous d’écrire notre histoire et, ce qui est magnifique, c’est que nous avons le choix des mots.
Nous ne devons pas nous diminuer ou nous cacher parce que nous sommes malades. Sans nous identifier à la maladie, nous avons le droit d’exprimer ce qu’elle nous fait vivre et ressentir ! C’est en exprimant nos émotions que nous pouvons les traverser, pour nous en libérer ! En les accumulant, en les niant, en jouant au plus fort, elles s’installent silencieusement en nous et occuperont toujours plus d’importance dans notre dialogue intérieur. Elles deviennent des pensées toxiques et nous empêchent de voir qui nous sommes et les choses telles qu’elles sont.
Si, en écoutant notre dialogue intérieur, on réalise qu’on parle ou pense beaucoup à la maladie, on lui donne peut-être trop de place dans notre vie. Il ne faut pas laisser la maladie nous définir en tant qu’humain ! Nous sommes tellement plus que ça… C’est un très, très long cheminement de découvrir qui nous sommes, sans nous appuyer sur la maladie uniquement. Je vous invite à vous prêter au jeu ! Essayez de prendre conscience de toutes les fois où vous vous définissez en fonction de la maladie et essayez de découvrir qui vous êtes, en la relayant au deuxième plan.
Ce n’est qu’au moment où nous acceptons complètement nos forces, nos faiblesses, nos peurs, nos rêves, nos émotions, notre souffrance, nos bagages et notre être tel qu’il est que nous allons nous permettre de vivre, pleinement. Acceptons-nous, en tant qu’humains à part entière ! C’est la plus belle chose que nous pouvons nous offrir et ces couleurs uniques qui nous représentent sont notre cadeau au monde. Personne ne peut être vous, c’est magnifique !
Quand nous nous accueillons tel que nous sommes, la maladie devient plus supportable. Elle nous permet de cheminer, de grandir, de nous outiller pour mieux vivre les obstacles de demain. Nous vivons comme tout le monde, la maladie, ce n’est pas tout ! Il ne faut jamais l’oublier…
Nous sommes nombreux à souhaiter la paix dans le monde mais cette paix doit d’abord s’installer en nous. Il faut apprendre à cultiver de l’amour pour qui nous sommes, avec la maladie, pour vivre en paix. On peut même apprendre à aimer ce qu’elle fait de nous, qui on devient. La violence engendre la violence. L’amour engendre l’amour, la vie, les miracles, la guérison ! Pas forcément la guérison physique mais, à un certain degré, la guérison de nos blessures. Puis, en arrêtant de souffrir à cause de tous nos scénarios, nous n’avons plus besoin de combattre. La vie est belle et parfaite, comme elle se présente. C’est là tout le secret de l’amour, de l’authenticité, c’est là le meilleur moyen de rencontrer le moment présent.
Sophie Jacob
Auteure
Saint-Rémi (Québec) CanadaAir Max 2017