J’ai toujours cru et espéré que mon parcours en clinique de fertilité serait court et rapidement couronné de succès (comme tous les couples qui se rendent là j’imagine, personne n’a envie de s’imaginer en partant que ce sera long et ardu!). Après ce 3e échec, j’ai vu que j’aurais besoin d’aide si je voulais persévérer.
La psychologue que j’ai rencontrée m’a écouté sur mon parcours. J’avais des doléances autant sur mon travail, sur notre agrandissement qui me stressait que sur mes démarches en clinique de fertilité. Un truc que j’ai retenu de la part de la psychologue, en ce qui concerne mes visites nombreuses en clinique de fertilité, c’était de tenter de faire de ces moments des moments agréables. Wow, quel défi!!! Mais, dans la vie, il n’y a qu’une chose réelle : le moment présent. Le passé n’existe plus, le futur est incertain. Alors, si le moment présent te fais suer, tente de le modifier pour le rendre plus acceptable. Alors, pour la suite de mes suivis en clinique de fertilité, j’apportais toujours un livre que j’aimais lire, je m’achetais une revue qui me faisait plaisir que je ne m’achetais pas normalement, ou mon chum et moi allions manger dans un restaurant qui nous plaisait suite à ces rendez-vous. Je tentais, quand c’était possible, de trouver un moment de bonheur dans ces démarches. Petite anecdote un peu gênante, de moi qui prend les conseils de la psy un peu trop au pied de la lettre. Tenter d’être bien dans le moment présent : lors de l’insémination #4, en prévision du moment où je savais que je devrais rester allongée 10 minutes, je m’étais apporté ma propre couverture et un toutou, qui m’avait déjà accompagné lors d’une hospitalisation. En général, pendant ces 10 minutes, on est laissé en couple, le personnel ne vient pas nous voir. Mais cette fois, c’est ce moment-là que l’infirmière a choisi pour venir nous poser une question. La vision qu’elle a eu, soit celle d’une petite fille de 4 ans avec sa doudou rose et son toutou coccinelle, a dû la surprendre, car la face d’étonnement qu’elle a fait valait 100$! Et ça m’a bien mise mal à l’aise! (Je n’ai pas trainé mon kit les fois d’après!)
J’ai réalisé 3 choses avec cette psy.
La première : je ne voulais pas d’enfants à tout prix. J’avais entendu trop d’histoires de couples qui s’étaient perdu de vue, ensevelis dans toutes ces démarches. Pour moi, mon couple a toujours été plus important que mon désir d’avoir une famille.
La 2e chose que j’ai réalisé, c’est que de tomber enceinte, c’était un moyen d’atteindre mon but (le but étant de fonder une famille). La grossesse en soi n’était pas la finalité, il y avait plein d’autres manières d’atteindre mon but, l’adoption par exemple, ou avoir recours à une mère porteuse. Autrement dit, j’ai compris qu’il n’y a rien de gagné lorsqu’on devient enceinte, c’est de mener à terme la grossesse qui importe. Certaines femmes peuvent mettre beaucoup d’énergie à devenir enceinte, tellement qu’elles semblent oublier qu’il ne s’agit que d’un moyen pour fonder une famille, et non de la fin en soi. La déception est d’autant plus terrible lorsque, par exemple, elles font une fausse-couche. Pour ma part, je savais que je préférais ne jamais tomber enceinte plutôt que d’atteindre ce but intermédiaire et de faire une fausse couche. C’est un deal que j’ai fait avec la vie (tout en sachant que si ça m’arrivait un jour, je n’aurais d’autre choix que d’y faire face).
La dernière chose que j’ai réalisée, c’est que je misais beaucoup sur la grossesse pour me sortir de mon travail que je n’aimais plus. Oups, faire face à cette pensée ce n’est pas simple… Une fois qu’on est conscient de cette réalité, qu’est-ce qu’on en fait? Mon chum est aux études, donc ne travaille pas, alors tout repose sur mes épaules… Nous faisons des travaux qui demandent des sous, alors tout repose sur mes épaules… On veut un enfant, ça demande des sous, alors tout repose sur mes épaules…