Bien évidemment, mon cercle d’amies rapprochées était au courant de mes démarches des dernières années. Ça nous est arrivé de jaser, autour d’une coupe de vin, de dons d’ovule et de mère porteuse. C’est facile d’en parler et même d’envisager la chose quand il n’y a pas de réels enjeux.
Mais quand la situation se présente, on dirait que la coupe de vin manque à la discussion et qu’il n’y a rien d’aussi détendu dans le sujet. Je ne voulais rien imposer, je ne voulais pas mettre de pression et je voulais que mes amies se sentent tout à fait à l’aise de prendre la décision que leur dictait leur cœur. Faire un don d’ovule, à quelqu’un que l’on connait, ce n’est pas une décision à prendre à la légère. De toute manière, la donneuse, chéri et moi aurons à rencontrer un psychologue qui évaluera vraiment si nous sommes à l’aise avec la démarche à faire.
Pour aborder le sujet avec mes donneuses potentielles, j’expliquais simplement où j’en étais rendue dans mes démarches, et je les laissais combler le silence que je laissais après la phrase, « je suis à la recherche d’une donneuse… »
Bon, je vous dresse le portrait des filles à qui j’étais à l’aise de « demander ». J’ai une amie qui allaite son dernier-né de 3mois, une autre qui vient d’avoir sont + sur son test de grossesse, une autre qui refuse toute prise d’hormones dans sa vie, et une autre, la seule sans « contrainte ou réticence », à mon avis. J’ai été surprise et reconnaissante de constater que les deux premières se sont montrées assez ouvertes, mais pas avant 1 an, le temps qu’elles s’occupent de LEUR bébé, bien sûr! Or, le projet de loi 20 menace d’être adopté dans les prochains mois, j’ai beaucoup de difficulté à envisager une si longue attente…
Alors reste celle sans « contrainte ou réticence ». Au début, elle est très ouverte à enclencher le processus assez rapidement. Pour commencer, une donneuse doit faire des tests de base (VIH hépatites, et autres MTS). Ensuite, je tenais au dépistage génétique, pour savoir à quoi s’en tenir; oui, il y a la FK, mais il y a aussi tout le reste. Suivent les rencontres avec le psychologue et après ces étapes seulement on peut débuter (on parle de 3-4 mois, le temps de faire le tour de tout ça). J’avais donné toute l’info sur la procédure à cette amie, il lui appartenait de prendre les premiers RDV.
Après quelques semaines d’attente, en parlant avec elle, je comprends qu’aucun RDV n’a été pris, et que la décision n’est pas aussi simple que les quelques fois où on en a parlé. Ses questionnements, tout à fait légitimes, se sont approfondis une fois face à la situation concrète.
Comment elle devra réagir face à cet enfant plus tard?
On explique à cet enfant ou pas ses origines?
Et si moi je n’étais pas une bonne mère à ses yeux pour cet enfant, que je me mettais à le battre, par exemple, comment réagirait-elle?
Si elle, elle a d’autres enfants, et que le mien et le sien tombent amoureux, qu’est-ce qu’on leur dit?
Bref, plein de questions auxquelles on doit trouver des réponses avant d’entrer dans ce processus. Je me suis mise à sa place, et me suis demandé si moi je ferais ce don. Ma propre réponse à cette question n’était même pas aussi claire que ce que j’espérais d’elle. C’est à ce moment que j’ai compris que je ne poursuivrais pas mes démarches en ce sens. C’est beaucoup demander à une personne d’endosser toutes ces démarches et leurs implications, pour moi, pour mon bonheur égoïste…