Revenons un peu en arrière, ma 3e FIV. Cette FIV-là, je la fais simplement pour être en paix avec moi-même, pour me dire que je suis vraiment allée jusqu’au bout de mes forces, pour être sereine avec les démarches d’adoption que nous entamons. Mais je la fais aussi blasée : les nombreux rendez-vous m’épuisent, j’ai de la difficulté à être bien dans le processus, je ne demande plus à mon chum de m’accompagner pour la majorité des rendez-vous. Voici à quoi le calendrier de cet essai a ressemblé :
13 mars : jour #1
16 mars : jour #4,échographie; tout est beau on part, début de Gonal-F et Luveris
18 mars : jour #6, prise de sang
20 mars : jour # 8, échographie, encore quelques follicules se démarquent, mais pas suffisamment, on augmente le Gonal-F
21 mars : jour # 9, on débute le Cetrotide
22 mars : jour #10, échographie, c’est quand même positif, 5-6 follicules dans chaque ovaire ; on continue un petit peu la stimulation ovarienne puis on déclenche l’ovulation le 25 mars (jour # 13). Cependant on diminue la dose d’HCG par rapport à mes 2 derniers protocoles, mes hormones sont déjà dans le tapis. Il faut faire attention au syndrome d’hyperstimulation ovarienne.
27 mars : jour #15, on retourne à Ste-Justine. Bien sûr, chéri m’accompagne, il doit faire sa contribution et me ramasser après l’intervention ! Par chance, ça s’est mieux passé que la dernière fois, beaucoup moins de douleur (vous savez, dans ce temps-là, on se réjoui de tout ce qui passe !).Cependant, j’ai un léger inconfort à respirer, j’ai l’impression que j’ai de l’eau sur les poumons. On a ponctionné 12 ovules, encore là c’est encourageant, mais je ne me permets plus d’espoir : pu capable des déceptions.
28 mars, jour #1 des embryons : appel de l’embryologiste, 10 ovules ont été fécondés, super ! Mais on a toujours de bons résultats à ce stade-ci, c’est après que ça se gâte.
Vous vous souvenez de mon plan : attendre coûte que coûte au jour #5 des embryons, pour ne pas perdre une autre de mes 3 FIV, au cas où je changerai d’idée un jour…
30 mars : jour #3 des embryons, chéri est parti au travail puisque je ne planifie pas aller à Montréal pour un transfert avant le jour 5. Appel de l’embryologiste : on a une bonne nouvelle et une mauvaise. On a un bel embryon, mais les 9 autres se sont tous fragmentés. Mais l’embryologiste m’explique que l’embryon qui s’est bien développé est de très belle qualité, et que généralement on n’hésite pas, on fait un transfert au jour 3 quand on a de si beaux embryons. Cependant, il voit la note dans mon dossier :si vous voulez attendre au jour #5, c’est à vous de choisir. Là je pense à mon médecin qui me dit qu’il n’y a pas meilleur incubateur que l’utérus, et à mon envie de ne plus recommencer d’autres tentatives par la suite. Bein coudonc, on va écouter l’embryologiste, il connait sa job après tout. Je monte à Ste-Justine. J’arrive un peu en retard, toute seule, un peu stressée. À ma grande surprise, c’est mon médecin qui me suit à ma clinique de région qui fait les transferts cette journée-là. (Je ne savais même pas qu’elle travaillait à Ste-Justine, et elle travaille également chez Procréa ! Vraiment, les médecins méritent leur salaire…). Le transfert se passe bien (malgré cette sale envie de pipi de routine). On me dit cependant que mes ovaires sont encore un peu gros, signe que j’ai fait une légère hyperstimulation ovarienne, mais pas assez importante pour être traitée. Cependant, je me sens très enflée au niveau du ventre et j’ai pris quelques livres suite à ce protocole.
Et là, l’attente commence. La prise de sang devra être faite le 13 avril. Les journées passent et je me sens comme la dernière fois : mal au ventre, impression que mes menstruations vont se déclencher d’un jour à l’autre. Je ne me permets, encore une fois, aucun test de grossesse maison ; même si mon deuil est fait, avec mes symptômes, je veux garder la brindille d’espoir jusqu’à la fin. Je ne veux pas le savoir que ça a pas marché, je resterais dans le doute pour l’éternité si je le pouvais.
13 avril : jour #32, je me présente pour ma prise de sang. Mais je ne veux pas connaitre le résultat, je me trouve une activité à l’extérieur de la maison. Je demande à l’infirmière d’appeler mon chum pour lui donner le résultat, c’est à son tour de se taper la déception. En arrivant à la maison, chéri m’a laissé un message, et me dit de l’appeler… J’attends une heure ou 2 avant de le rappeler. Bon, je ne peux pas rester dans le déni jusqu’à la fin de ma vie. Allo chéri, c’est moi, ça va ?