Je me souviendrai toujours d’un sujet de discussion, à l’époque où le forum de discussion Kifar existait encore (forum de discussion géré par le CPAFK, maintenant l’organisme Vivre avec la fibrose kystique, qui permettait des échanges entre adultes FK et parents d’enfant FK). Une mère d’enfant FK se révoltait de l’attitude d’une autre mère à l’école de son enfant. Cette autre mère se plaignait sans cesse des rhumes que son enfant attrapait à répétition, ce qui rendait sa vie infernale. La mère de l’enfant FK trouvait cette attitude complètement exagérée et déplacée considérant la situation qu’elle-même vivait avec son enfant FK (traitements, médicaments, hospitalisation, etc.). C’est un adulte FK qui, avec toute la sagesse du monde, lui a expliqué que chacun avait droit à sa situation. La mère de l’enfant aux multiples rhumes avait droit de trouver difficile sa situation malgré le fait que des millions de situations plus difficiles que la sienne se produisent chaque seconde dans le monde. La mère qui sollicitait de l’empathie a été frustrée par cette réponse, mais moi, elle m’a beaucoup fait réfléchir, même si je n’étais pas encore dans mon processus de suivi en clinique de fertilité. J’ai compris que peu importe ma situation, je me devais d’être là pour mes amies qui auraient besoin un jour de parler de leurs petits pépins de santé, même devant moi, qui a la FK.
C’est dans cette optique que, après avoir lu des témoignages de filles infertiles qui pestaient contre une amie, une sœur ou une collègue de travail qui tombait enceinte, je me suis promis une chose dans mon processus : le bonheur des autres ne m’enlèverait rien à moi. Les autres ont le droit à leur situation, et c’est mon devoir d’amie, de sœur, de me réjouir pour eux. J’ai un neveu de 7 ans qui est né d’un « accident » alors que nous commencions nos essais bébé et une nièce qui devrait être plus jeune que mon premier enfant, si ça avait marché dans nos 3 premières années d’essai. Ces enfants, je les aime d’amour, je les ai gardés, et j’ai profité des moments passés avec eux, sans ressentir de frustration ou de rancœur. Des amies sont devenues enceinte, une fois, parfois deux, toujours en ne suscitant que de la joie chez moi.
Sur les forums de discussion sur l’infertilité, j’ai lu des témoignages empreints de frustration, par rapport à l’avortement par exemple. Je peux comprendre l’injustice de la vie dans ces situations, mais en toute logique, ce n’est pas parce qu’une personne se fait avorter, que ça aura un impact quelconque sur ma situation. J’ai accompagné une amie qui a dû traverser ce dur processus. Elle avait droit à sa situation, à mon écoute et à mon empathie. Malgré la connaissance qu’elle avait de ma situation, elle savait qu’elle ne serait pas jugée, que je serais là pour elle.
Retenez ceci, si les situations que vivent les autres sapent votre moral :
- Le bonheur des autres ne vous enlève rien.
- Les autres ont le droit de vivre une situation difficile à leurs yeux, même si, comparativement à la vôtre, elle semble banale, de moindre ampleur, ou carrément injuste.
Ces 2 façons de voir la vie nous permettent de cheminer plus sereinement.