Médecine alternative: Une approche alternative de la maladie
La fibrose kystique, malgré son statut de maladie orpheline, est une maladie qui touche une part importante de la population. Cette maladie qui attaque le mucus intestinal et le mucus bronchique est due à la mutation d’un gène, le CFTR, qui provoque chez les patients de graves troubles respiratoires et gastriques tout en attaquant parfois le foie, les sinus et les reins.
Grâce aux progrès de la médecine occidentale, l’âge médian de survie était, au Québec, de plus de 53 ans en 2016. Malgré tous ces progrès, la fibrose kystique demeure une maladie incurable avec laquelle il
faut apprendre à composer, dans un corps parfois défaillant.
De nos jours, plusieurs envisagent les traitements de la maladie et du corps souffrant d’une manière holistique. Il faut avoir une vision d’ensemble, par différentes approches, essentiellement des médecines alternatives qui cherchent à améliorer la qualité de vie du patient et de son entourage.
Nous présenterons ici un ensemble de techniques et de conseils que chacun est libre d’utiliser sans jamais perdre de vue que ces approches représentent des aides précieuses pour le quotidien en complémentarité avec les traitements classiques : en aucun cas elles ne doivent remplacer les traitements médicaux prescrits par le corps médical.
Ces approches cherchent à aider le corps du malade dans la souffrance et à le soutenir dans tout le processus psychologique de développement de soi. En effet, la plupart des médecines alternatives reposent sur un développement spirituel et psychologique qui nourrit le corps et non l’inverse. Là est tout l’intérêt des médecines alternatives présentées ici : nourrir l’âme pour reconstruire le corps.
Le yoga et les pranayamas : revitaliser le corps
Le yoga est un art ancestral qui peut être pratiqué par tous quel que soit son âge, son sexe ou son état de santé. Cette pratique propose des postures qui étirent et tonifient le corps tout en offrant la possibilité, pour certains, de conduire à un état d’éveil et de sérénité.
Comment le yoga amène-t-il à un état méditatif? Les différentes postures permettent tout d’abord un accroissement de la circulation sanguine abdominale et cérébrale tout en apaisant le système nerveux. L’afflux de sang dans ces parties vitales, associé à une grande attention portée sur la respiration (pranayamas), permet une meilleure oxygénation du cerveau et développe une plus forte concentration. De plus, se focaliser sur la position de chaque asana (les postures) permet de développer une plus grande écoute du corps : au travers chaque posture, toutes les parcelles de nos membres sont ressenties différemment. Ainsi, la prise de conscience des différents muscles du corps et l’accroissement de l’oxygénation du cerveau permettent d’accéder à un état de méditation et d’éveil qui apporte clarté mentale et génère un sentiment de paix intérieure.
Le terme asanas est un mot sanskrit qui signifie « le fait de s’asseoir » ou la « manière d’être assis ». Pour les adeptes de yoga, ce mot a une signification plus particulière de « posture rituelle ». Dans le langage courant, il pourrait être traduit par « posture » ou de « façon de s’assoir 1 ».
Trois exercices de respiration et d’asanas sont particulièrement bénéfiques lors de troubles intestinaux et respiratoires. Ces exercices associent les bienfaits de la respiration consciente aux bienfaits circulatoires du yoga, les deux étant intimement liés et permettant d’accéder à la méditation.
PREMIER EXERCICE : Malasana et Bhastrika
Malasana (posture du Mala, le rosaire indien) 2 Tenez-vous les pieds écartés à la longueur des hanches, tournez vos pieds vers l’extérieur, abaissez les fesses en vous accroupissant totalement. Vous pouvez joindre les mains devant votre poitrine en les poussant l’une contre l’autre ou les poser par terre devant vous. Cette position permet une meilleure digestion car elle aligne parfaitement tout le système digestif. Il est particulièrement conseillé de la faire le matin pour mettre le système digestif en marche.
Le bhastrika pranayama 3 (la respiration du cri) Cette technique de respiration oxygène le cerveau et réchauffe le corps. Inspirez profondément avec les deux narines, puis expirer rapidement par celles-ci. L’expiration doit être plus rapide que l’inspiration. Répétez l’opé ration entre 5 à 10 fois pendant l’asana.
DEUXIEME EXERCICE : Tuck pose et Viloma Pranayama
Tuck pose 4 Mettez-vous sur le dos, pliez vos jambes et rapprochez vos genoux de votre poitrine, passez vos bras autour de vos genoux. Levez votre tête et mettez votre nez entre vos genoux. Cette pose cible les organes digestifs car elle stimule l’apana (le souffle de l’expiration) qui stimule le système digestif.
Viloma Pranayama (respiration par paliers) 5 Au lieu d’inspirer en une seule fois vous allez inspirer par paliers : respirez 2 secondes, retenez l’air pendant 2 secondes puis continuez à inspirer jusqu’à ce que vos poumons soient pleins. Pour l’expiration, il en va de même : expirez l’air durant 2 secondes puis retenez pendant 2 secondes. Répétez jusqu’à ce que vos poumons soient vides. Cette technique de respiration permet d’apprendre à contrôler le souffle et à rallonger l’expiration.
TROISIEME EXERCICE : Suptamatsyendrasana et anulomaViloma
Supta matsyendrasana (la torsion allongée) 6 Une fois allongé sur le dos, tout en le gardant sur le sol (les deux épaules doivent toucher terre), passez une jambe de l’autre côté. Le bras situé du côté où vous posez votre jambe exercera une pression sur celle-ci. Cette position améliore la digestion, la souplesse de la colonne et soulage les douleurs dorsales. Les torsions sont excellentes pour fluidifier le transit intestinal.
Anuloma Viloma (la respiration alternée) Inspirez de la narine gauche en fermant votre narine droite avec votre pouce, puis expirez de la narine droite en fermant votre narine gauche avec votre majeur. Ensuite, répétez l’exercice en commençant à inspirer avec la narine droite. Répétez le tout 10 fois. Cette technique établit un rythme régulier de respiration et permet de surmonter le stress.
Technique de la pleine conscience et sophrologie : nourrir l’âme
La technique de méditation dite de la pleine conscience, dont les origines seraient millénaires, a souvent été utilisée pour améliorer la vie des patients. Cette technique de méditation, adaptée par Jon Kabatt Zinn, donne des outils pour apprendre à gérer la douleur induite par le corps. Ainsi que le définit Catherine Verhaeghe 7, spécialiste en génétique humaine dont la thèse de doctorat porte sur les mécanismes moléculaires inflammatoires associés à la fibrose kystique, cette technique est « l’action de porter son attention sur le moment présent, avec intention et sans jugement de valeur. » Cette approche permet des améliorations tant psychologiques que biologiques :
amélioration de la qualité de vie, du sommeil, stimulation du système immunitaire et diminution de la tension artérielle, réduction du niveau de stress, des ruminations et du niveau d’anxiété.
Il s’agit donc d’une pratique quotidienne méditative pour quitter ce que l’on pourrait qualifier de mode pilote automatique afin d’agir en pleine conscience. Plus concrètement, elle prend la forme d’exercices répétés et délibérés qui développent notre capacité à se concentrer sur nous-mêmes. Surtout, elle change notre « vitesse mentale », ce qui permet souvent d’entrer dans un état méditatif avancé. Elle se présente sous la forme de séances quotidiennes de 30 à 60 minutes durant lesquelles nous participons activement à une méditation guidée.
VOICI UN EXERCICE SIMPLE 8.
Respirez calmement, sans forcer les inspirations ou les expirations pour autant. Observez attentivement le parcours de l’air à l’intérieur de vous, sentez-le littéralement passer en vous. Vous devriez déjà être surpris de voir que vous le pouvez.
Une fois que l’air s’engouffre en vous, ressentez le soulèvement de la poitrine, le frottement des vêtements sur elle, la manière dont tout votre torse s’en trouve légèrement déplacé. Ne retenez pas l’air, laissez-le s’échapper et effectuez le même travail de visualisation.
En vous concentrant, vous pouvez peut-être ressentir les battements de votre cœur. Observez-les eux aussi, voyez comment le rythme de votre respiration influe sur eux. Observez chaque sensation avec l’esprit et avec le corps. Il ne s’agit jamais d’émettre un jugement sur ce que vous observez. Regardez chaque chose comme elle est, c’est tout. Vous pouvez pratiquer ainsi avec tout ce que vous souhaitez. À chaque fois, soyez pleinement éveillé et ouvert aux sensations qui se présentent. Voyez-les une par une puis voyez la manière dont elles sont intriquées, puis comment il sort de cette intrication un schéma plus grand. Ne perdez jamais de vu l’objet premier de votre attention, pour revenir à lui quand vous perdez le fil et découvrir à chaque fois de nouvelles choses.
En vous efforçant de ne pas juger, vous pourrez discerner ce qui relève de votre propre jugement et ce qui relève de la nature des choses. Vous serez ainsi bien plus conscient de ce travail de juge qu’exerce sans cesse votre esprit.
Sophroplogie
La sophrologie est une autre forme de méditation. Cette technique amène le patient dans un état de conscience « désencombré » dans lequel il peut se concentrer sur un besoin spécifique. Dans le cas de la fibrose kystique et d’autres maladies chroniques, elle s’accompagne d’exercices de visualisation et de représentation corporelle lors desquels le patient apprend à contrôler l’intensité de la douleur.
Voici un exercice de sophrologie, le « Sourire intérieur ».
Installez-vous dans votre fauteuil préféré ou allongezvous si vous le souhaitez. Prenez quelques grandes respirations : inspirez par le nez, expirez longuement par la bouche. Apaisez votre souffle, cela apaisera aussi votre esprit. Inspirez et expirez à nouveau.
Laissez remonter dans votre mémoire un souvenir agréable. Cela peut être un souvenir proche, datant d’hier, ou bien un souvenir de votre enfance. C’est un souvenir plein de joie et de bonnes émotions. Revivez-le tranquillement, en combinant vos cinq sens : donnez-lui des couleurs, des parfums ou des odeurs agréables, des sons ou des mélodies, des textures et des sensations tactiles, peut-être même des goûts et des saveurs.
Observez les personnes présentes dans votre souvenir. Observez leurs visages, leur joie, leur bonne humeur. Ressentez le lien qui vous unit à elles et laissez le plaisir de les connaître vous envahir. Inspirez et expirez profondément : profitez de ce souvenir.
En baignant dans toutes les émotions de votre souvenir, observez toutes les réactions positives de votre corps et de votre esprit. Vivez pleinement les sensations agréables, les ressentis de bien-être, de joie, de bonheur. Respirez profondément.
Portez votre attention sur la région du cœur. Inspirez et expirez longuement. Ressentez comme votre cœur baigne dans les émotions positives. Vous pouvez y faire naître un sourire, le sourire intérieur du cœur. Votre cœur s’ouvre avec ce sourire qui envahit tout votre être… Et peut-être que vous aurez envie de sourire pour de bon vous aussi !
Ces techniques et ces conseils ne font malheureusement pas des miracles. Toutefois, ils sont bien utiles au quotidien pour ne pas se sentir démuni face à la maladie. Ils permettent une autre approche de traitement du corps malade et apportent un grand soutien au patient. Les combiner permet non seulement de pallier à certains symptômes les plus durs à traiter, mais aussi de structurer le quotidien en offrant aux personnes vivant avec des problèmes reliés à la fibrose kystique une alternative. Le bien-être a mille chemins !
Yamile Caceres
Rédactrice de Techniques de
méditation
Fribourg, Suisse
Sources
1 Héritage du Sanskrit : Dictionnaire sanskrit-français
2 http ://www.yogajournal.com/poses/yoga-by-benefit/digestion/kathryn-budigs-favorite-pose-digestion/
3 http ://fr.wikihow.com/pratiquer-le-pranayama
4 http ://www.yogajournal.com/slideshow/kundalini-yoga-practice-better-digestion/#1
5 http ://www.yogadima.ch/rubriques/le_yoga/pranayama.php
6 http ://www.yogajournal.com/slideshow/
8-poses-better-digestion/#8