Le parcours de Justin Ducharme
REPOUSSER SES LIMITES TOUJOURS PLUS LOIN
Par Roger Clavet – 21 mai 2024
Le hockey est une affaire de famille pour Justin Ducharme, le talentueux hockeyeur des Lions de Trois-Rivières. Il est vrai que cet athlète combatif, qui vit avec la fibrose kystique, a évolué dans un milieu familial où tout le monde joue ou a joué au hockey à un moment ou l’autre de sa vie.
« J’ai grandi en voyant mon grand frère Hugo jouer au hockey de compétition. Et en plus, c’est mon père Sylvain qui le coachait, lui-même un ancien joueur de la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Il a poursuivi des études universitaires à l’université de Moncton, tout en évoluant pour l’équipe universitaire de hockey. Mon jeune frère Xavier ne joue plus au hockey de façon compétitive depuis maintenant presque deux ans. Toutefois, nous avons eu la chance de nous affronter à plusieurs reprises dans le même circuit lorsqu’il évoluait pour l’Océanic de Rimouski et moi, pour les Foreurs de Val d’Or. Inévitablement, je suis donc tombé en amour avec le hockey dès mon plus jeune âge. Mais je pense que c’est seulement rendu au niveau junior que j’ai réalisé que j’avais peut-être des chances d’en faire une carrière », confie Justin Ducharme.
Il admet se sentir privilégié d’avoir été élevé dans une famille aussi prédisposée pour le sport compétitif. « Ma mère Julie Murray, ajoute le numéro 71 des Lions de Trois-Rivières, m’a toujours appuyé tout au long de mon parcours de joueur de hockey, tout comme pour mes autres frères. Je ne pourrai jamais remercier assez mes parents pour tous les sacrifices faits, autant financièrement qu’au niveau du temps passé dans les arénas ».
La FK comme dose additionnelle de motivation
Même s’il est atteint de fibrose kystique, ce gaillard de 6 pieds, 183 livres n’est pas du genre à s’apitoyer sur son sort. Bien au contraire, il affirme assumer sa condition en y trouvant une source de motivation supplémentaire.
« Ma condition ne m’a jamais limité dans quoi que ce soit, pour être honnête. J’ai toujours dit que je me trouve ‘chanceux dans ma malchance’, dans le sens où, au niveau pulmonaire, je ne suis pas grandement affecté. Il reste que mes sécrétions sont plus épaisses que la normale et mes bronches s’encombrent facilement quand je combats un virus. Mais pour le reste, ma capacité pulmonaire est excellente. Je suis davantage atteint au niveau digestif, mais encore là, je n’ai aucune limitation, en autant que je prenne mes médicaments de façon assidue lorsque je mange. Mes médecins m’ont même toujours encouragé à demeurer actif. Pour une personne vivant avec la fibrose kystique, faire du sport est primordial. C’est un moyen naturel de dégager ses bronches », assure Justin Ducharme.
Selon lui, la motivation et la détermination viennent de façon naturelle lorsqu’il s’agit de pratiquer une passion. « Les sacrifices, comme le sommeil, l’entrainement ou la nutrition, n’ont jamais été un fardeau pour moi car j’ai toujours voulu être le meilleur ou faire partie des meilleurs partout où je suis passé. Alors, je savais ce que ça prenait. En plus, c’est certain que j’ai un petit élément de motivation supplémentaire qui vient avec le fait que beaucoup de gens ont souvent douté de mes capacités à cause de ma maladie. Je choisis de m’en servir comme motivation pour prouver que je peux accomplir mes objectifs comme n’importe qui d’autre », résume-t-il.
Un avenir prometteur
Un peu comme chaque membre de la grande communauté FK, Justin Ducharme salue les avancées technologiques qui permettent la mise au point de nouveaux traitements comme le Trikafta, un médicament presque miraculeux réservé toutefois aux personnes atteintes de la fibrose kystique qui ont la mutation génétique nécessaire. En plus de les soulager, cela permet d’améliorer leur qualité de vie de façon significative.
« C’est certain que ça donne espoir à une grande proportion de la population affectée, tout ça grâce à la recherche et les millions de dollars investis depuis de nombreuses années à cette fin. De mon côté, je n’ai pas accès au Trikafta car je ne possède pas la mutation que le médicament a été conçu pour traiter. Mais je suis en pleine forme et je mène une vie sans aucune limitation, alors je me compte même chanceux de ne pas ‘avoir besoin’ de ce traitement. Pour être honnête, l’espérance de vie, je n’y pense pas trop car je me sentirais comme avec une date d’expiration au-dessus de la tête. Tant que ma condition sera stable et que je fais ce que j’ai à faire pour qu’elle le reste, je vais continuer de bien aller », croit Justin Ducharme.
Objectif : la Ligue nationale de hockey
Déjà, l’album de photos et de souvenirs de Justin Ducharme est riche de grands et beaux moments.
« Jusqu’ici, relate le porte-étendard des Lions de Trois-Rivières, mon plus beau moment au hockey est survenu lorsque, au cours de la même saison 2017-2018, j’ai remporté deux prestigieuses récompenses : la coupe du Président dans la LHJMQ, avec le Titan d’Acadie-Bathurst, puis la coupe Memorial, à Regina, en Saskatchewan ».
Il y a deux ans, alors qu’il évoluait pour le Rocket de Laval, Justin estime avoir ressenti son plus fort sentiment de fierté personnelle. « C’est à ce moment, je crois, que je me suis senti le plus près de mon rêve ultime, soit celui d’évoluer dans la Ligue nationale de hockey », avoue le jeune athlète originaire de Mirabel.
S’il n’en tient qu’à lui, Justin Ducharme devrait un jour accéder à ce plateau d’excellence du hockey professionnel.
« Toute ma vie, conclut-il, j’ai repoussé mes limites et vaincu tous les pronostics qui viennent avec la maladie. Je compte faire la même chose avec l’espérance de vie et mon rêve de jouer un jour dans la Ligue nationale de hockey ».
Chose certaine, s’il n’y parvient pas, ce ne sera pas par défaut d’avoir tout tenté et donné.
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