Par Marie-Michèle Ricard, M. Sc., Ps. éd., psychothérapeute
Aimez-vous votre corps ? En êtes-vous satisfait ? Ressentez-vous certaines insatisfactions ? Les réponses à ces questions vous informent de votre image corporelle, cette perception qui regroupe les pensées, les émotions et les sensations physiques qui sont déclenchées lorsque vous pensez à votre corps ou que vous le regardez. Plusieurs caractéristiques corporelles sont reliées à la satisfaction ou l’insatisfaction corporelle. On pense, entre autres, aux cheveux, au visage, à la forme corporelle, à la taille, au poids, à la dentition, aux handicaps physiques, à la poitrine, aux muscles et aux cicatrices.
La façon dont vous vous sentez à propos de votre corps peut changer au fil du temps, et varier selon les situations et contextes. Même si vous n’êtes pas toujours satisfaits de votre corps à 100 %, votre image corporelle peut être assez positive. Toutefois, elle peut aussi être négative si la façon dont vous vous sentez à propos de votre corps vous cause une souffrance, affecte votre humeur, votre santé, votre travail, vos activités ou vos relations.
La fibrose kystique peut affecter le développement, l’apparence et le fonctionnement de votre corps et présenter plusieurs défis pour votre image corporelle, en particulier en ce qui concerne la forme de votre corps, l’apparence de votre peau, votre poids, votre posture et votre masse musculaire. La FK, son développement et ses différents traitements sont des facteurs importants qui peuvent influencer négativement votre image corporelle. Avec la FK, il peut devenir difficile de voir votre corps comme un allié. Est-ce que la FK influence votre image corporelle ? Pensez-vous entretenir une image corporelle positive ou négative ? Comment accepter les changements imposés par la FK et par certains traitements ? Avez-vous parfois l’impression que votre corps vous trahit, ou qu’il n’est pas ce que vous aimeriez qu’il soit ?
Il est tout à fait possible que la FK suscite certains questionnements par rapport à votre image corporelle. En effet, plusieurs insatisfactions corporelles sont rapportées par des personnes vivant avec la FK. Ces dernières font référence à des caractéristiques corporelles qui ne correspondent pas au modèle unique de beauté véhiculé par la société : un poids trop élevé, une musculature pas assez développée, une taille plus petite, ou encore la présence de cicatrices.
Saviez-vous que votre image corporelle se développe au fur et à mesure que vous vieillissez et que c’est l’interaction des différents facteurs de développement qui détermine l’évaluation que vous vous faites de votre corps? Vos particularités physiques (poids, puberté, genre, âge), vos facteurs psychologiques individuels (traits de personnalité, estime de soi), vos expériences interpersonnelles et les facteurs socioculturels sont les facteurs qui déterminent l’image corporelle que vous avez développée.
Aussi, il est important de prendre conscience que les insatisfactions corporelles que vous pouvez ressentir sont déclenchées par un écart entre la perception que vous avez de votre corps et la perception de « votre corps idéal ». Ce dernier est majoritairement décidé par des normes sociales. Plus l’écart est grand, plus grande sera l’insatisfaction corporelle ressentie.
Améliorer son image corporelle est un cheminement qui demande du temps. Aucune baguette magique ne peut changer en un mouvement le rapport que vous développez avec votre corps. Toutefois, plusieurs activités et exercices (comportementaux, émotifs ou cognitifs) permettent de l’améliorer. L’important, c’est d’y aller un petit pas à la fois. Lentement, mais sûrement.
Développer une image corporelle positive permet de se sentir bien dans son corps, et ce, avec certaines insatisfactions, et surtout, avec une maladie. L’image corporelle positive permet de ressentir des émotions agréables face à son corps, d’apprécier sa beauté unique, et d’utiliser son corps à bon escient. Cette image corporelle positive est de très près reliée à une bonne santé mentale. En effet, les personnes qui la développent ressentent moins de détresse face à leur corps, adoptent des comportements alimentaires plus équilibrés et expriment un mieux-être plus grand. Elles rapportent aussi une meilleure santé physique.
Pour avoir une image corporelle plus saine et diversifiée, certaines habiletés sont à développer. Des réflexions peuvent être suscitées et certains comportements sont importants à mettre en place, ou encore à cesser.
Loin d’être un protocole rigide ou une recette magique, voici plutôt des suggestions pour améliorer la relation à votre corps.
Suggestion no 1 : Observez-vous
Fermez-vous les yeux.
Imaginez-vous devant votre miroir.
Laissez s’activer les émotions et les pensées.
Prenez conscience de l’inconfort ressenti.
Quels comportements avez-vous envie de mettre en place présentement ?
Observez-vous.
Pensez à une journée typique. Quels comportements faites-vous en lien avec votre image corporelle ? Quelle place prennent vos préoccupations corporelles dans votre vie ? Quelle importance vos insatisfactions corporelles ont-elles présentement ?
Cet exercice vous permet de vous connecter à votre image corporelle. Le fait que l’exercice soit agréable ou désagréable vous donne un indice à savoir si vous entretenez une bonne ou une mauvaise relation avec votre corps. Cette observation vous permettra ensuite d’apporter quelques changements.
Suggestion no 2 : Comprenez le développement de votre insatisfaction corporelle
Offrez-vous la possibilité de comprendre d’où vient votre insatisfaction corporelle. Quels facteurs y ont le plus contribué ? Plusieurs sont déterminants dans le développement d’une insatisfaction corporelle. Se permettre de tracer la trajectoire développementale de son image corporelle est un bon pas vers une compréhension complète qui mène à une amélioration. Pensez à vos caractéristiques physiques et psychologiques, à vos expériences interpersonnelles passées et à l’impact que la société a pu avoir sur vous. Peut-être pourrez-vous identifier un déclencheur important, ou peut-être pas. Rappelez-vous, c’est l’interaction de plusieurs facteurs, et non un seul, qui explique vos insatisfactions corporelles.
Suggestion no 3 : Connectez-vous à vos sensations corporelles
Chaque jour, prenez quelques minutes : asseyez-vous et respirez lentement. Connectez-vous à vos sensations corporelles. Quand vous avez faim, que vous êtes fatigué, que vous avez mal, que vous êtes excité, prenez quelques secondes pour identifier quelles sensations sont présentes. Savez-vous quels messages vous envoie votre corps avec ces sensations ? Êtes-vous en mesure de répondre à ses besoins réels ? Tentez d’identifier vos sensations sans les juger. Reconnectez-vous à votre corps en écoutant, simplement.
Suggestion no 4 : Prenez soin de votre corps
Prendre soin de son corps signifie d’être en mesure de lui offrir ce qu’il demande. De la nourriture, du liquide, du repos, de la chaleur, de la douceur. Il peut être difficile et même complexe de répondre aux besoins de son corps, surtout si vous avez perdu l’habitude de les écouter. Allez-y lentement. Et permettez-vous, parfois, d’être dans l’erreur. Ajustez vos actions. Prenez la peine de doser ce que vous offrez à votre corps et voir s’il y réagit bien. Écoutez-le.
Votre corps est peut-être malade, mais il est encore bien en vie. Vous avez tous les droits d’être fâché contre la FK. Vous avez peut-être besoin de faire le deuil de certaines fonctionnalités corporelles, le deuil d’un corps exempt de maladie, le deuil d’un corps autre. Permettez-vous ce moment, chaque fois qu’il est nécessaire. En même temps, permettez-vous de vous allier à votre corps. Même avec la FK, il vous parle et attend de vous que vous l’écoutiez.
Suggestion no 5 : Identifiez vos comportements de maintien
Si vous êtes préoccupé par votre image corporelle, vous avez sûrement des comportements qui vous maintiennent dans cet état d’inquiétude. Identifiez plus clairement ces comportements. Pensez à vos comportements alimentaires ou envers l’activité physique, ou encore à ce que vous faites peut-être pour surveiller votre poids. Pensez à des comportements que vous évitez de faire, comme des vêtements que vous évitez de porter (bien que vous aimeriez le faire) ou des endroits où vous évitez d’aller (bien que vous aimeriez le faire).
Ces comportements se nomment des comportements de maintien. Par leur action, ils maintiennent vos préoccupations corporelles, comme un rappel constant de penser à votre corps, à votre poids, à vos formes. Corriger ou cesser ces comportements atténue du même coup vos préoccupations et vous donne plus d’espace mental pour autre chose, pour d’autres champs d’intérêts.
Suggestion no 6 : Apprivoisez votre corps
Améliorer la relation que vous entretenez avec votre corps prend du temps. C’est une relation. Celle-ci demande donc d’apprivoiser votre corps, ou de leréapprivoiser tranquillement. Offrez-vous ce temps et identifiez le besoin fondamental auquel vous tentez de répondre par votre contrôle corporel. Rappelez-vous que pour améliorer la relation à votre corps, il vous faudra fort probablement tolérer un inconfort et vous connecter à un besoin, comme le besoin d’être aimé, d’être accompagné, d’être validé, d’être important. Rappelez-vous que ces besoins sont fondamentaux et qu’il n’en tient qu’à vous de les exprimer et faire en sorte qu’ils soient comblés.
Améliorer votre image corporelle, c’est possible. Et lorsque vous empruntez ce chemin, personne ne peut vous enlever votre nouvelle image. C’est justement un des objectifs de ce travail : reprendre le pouvoir sur votre propre corps sans égard au contrôle externe, basé sur des images idéalisées, des normes de société, des règles décidées par autrui.
Votre corps vous appartient. Il n’en tient qu’à vous de former une équipe et d’apprendre à vivre en harmonie avec lui.
Pour en apprendre davantage sur l’image corporelle et la relation que vous entretenez avec votre corps, voici une suggestion de lecture très pertinente :
De l’insatisfaction à l’acceptation corporelle, développer une relation plus positive avec son corps, publié aux Éditions JFD, par Marie-Michèle Ricard.
Marie-Michèle Ricard, psychoéducatrice et psychothérapeute, possède plus de vingt ans d’expérience dans le milieu. Elle est spécialisée dans le traitement des problèmes liés au corps et à l’alimentation, est cofondatrice de la clinique Imavi (www.imavi.ca), se trouve derrière la plateforme www.acceptersoncorps.com et est auteure de plusieurs livres.
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